Relative beauté

Un jour, j'ai rencontré des gens démunis de beauté.

 

Je me souviens, c'était dans une église le soir de Noël. Il était assis tout seul sur un banc, loin des regards disgracieux. J'avais remarqué que son visage étais quelque peu différent, mais sans plus. Le moment des souhaits était venu. Il s'est tourné vers nous et a gentiment tendu la main pour nous offrir ses vÅ“ux. Il avait le visage et les mains pleins de pustules. On distinguait à peine une partie de peau lisse et sans enflure. Et pourtant, le visage rayonnant, il nous a tout simplement souhaité « Joyeux Noël Â».

 

Je me souviens que durant la fin de la cérémonie, je n'ai pu m'empêcher de penser à cet homme. Il devait se sentir incroyablement seul. Les caresses d'une main sur son visage, les accolades d'un collègue, les baisers mesquins d'un enfant… tant de doux plaisirs à se voir refuser de par son visage! Moi qui me dépréciais ce soir-là, je me suis dit que c'était lui qui était beau et combien nous étions laids de se badigeonner le visage de tant d'artifices ou de nous pavaner de beaux vêtements qui nous renvoient seulement l'image de notre compte en banque. J'ai pleuré d'avoir tant de fois hurlée contre la vie pour ce visage qui m'a été donné. J'ai finalement remercié d'être embrassée chaque soir par quelqu'un qui me respecte et me trouve belle à ces yeux…

 

Certes, il y a des gens plus nantis que nous, mais il existe également  d'autres personnes qui souffrent dans un tout petit recoin d'une chambre minuscule ou même, par un temps glacial, couché sur un banc de parc. Il y a également des larmes qui se figent à l'instant sur des visages ridés par des années de misère…

 



09/04/2007
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